Editorial

« La Recherche, l’autre Recette de l’ERSUMA »

En lançant depuis cette année 2012 un programme de bourses et un prix de thèse, l’ERSUMA a pleinement porté le costume de laboratoire d’excellence de recherche en droit des affaires africain. En effet, la réception de chercheurs d’horizons divers dans son Centre de Documentation et de Recherche comme la récompense d’une thèse sont des signaux forts que l’ERSUMA envoie à toute personne intéressée par le droit uniforme africain. Au-delà de la volonté de stimuler l’intérêt de la recherche sur le droit OHADA, ces initiatives de l’ERSUMA s’inscrivent également dans la perspective d’un meilleur rayonnement de l’OHADA dans d’autres coins du monde.

Pour louable que soit le désir d’accroître la visibilité internationale de l’OHADA, il est primordial au préalable de s’arrêter sur l’état du droit dont l’ERSUMA veut assurer la promotion. Concrètement, il s’agit de réfléchir sur les lacunes du droit des affaires harmonisé afin d’envisager les solutions qui permettront de le parfaire. Dans ce sens, il n’échappera pas au lecteur de ce numéro qu’un espace privilégié a été accordé aux textes à vocation doctrinale. Il ne s’agit pas d’une décision fortuite, encore moins d’une prééminence du droit savant sur le droit vivant, mais plutôt du désir d’insuffler une vitalité nouvelle aux thématiques de recherche. Pour cette raison, sans préjudice des analyses endogènes au droit OHADA, l’approche comparatiste occupe une place particulière dans ce numéro.

L’originalité du comparatisme de ce numéro réside tant dans le choix des auteurs que celui des thématiques.

D’entrée de jeu, le point sur la situation actuelle des expériences d’harmonisation des lois en Afrique montre la prise de conscience des Etats africains que la disparité des législations est un obstacle à la réalisation d’un espace économique et social intégré. Et que de la sorte, l’harmonisation des lois est un vecteur incontestable de cette intégration, en même temps qu’elle se pose comme un facteur de stabilité et de sécurité juridique de l’investissement en Afrique. Puis, peu en vue dans la littérature OHADA, la doctrine canadienne fait une entrée remarquée qui s’inscrit dans la droite ligne du Forum OHADA organisé le 29 mars dernier à Montréal par le Club OHADA.

S’agissant des thèmes retenus, l’on ne peut s’empêcher de s’arrêter sur les lignes consacrées à la relation sino-africaine ou à la définition de l’investissement en droit OHADA. Outre le fait qu’il s’agit de questions ignorées jusqu’à présent malgré leur forte actualité, l’on doit relever qu’elles permettent à l’ERSUMA d’intégrer l’évolution de l’économie internationale. Elles lui permettent aussi de positionner l’OHADA de manière originale dans la controverse juridique inhérente à la mondialisation : la bataille des systèmes juridiques. Common law ou droit civil ?

A cette question, l’ERSUMA répond pragmatisme ! Le choix de l’un des systèmes n’est pas le véritable enjeu car l’attractivité juridique de l’OHADA dépend d’abord de son inventivité face aux nouvelles figures conceptuelles des transactions économiques. Alors, sans renier son fonds majoritairement civiliste, il est impératif que le droit des affaires en Afrique s’intéresse aux investisseurs ayant le vent en poupe sur notre continent: la Chine. Ainsi, l’ERSUMA devient un acteur de la diplomatie juridique de l’Afrique, diplomatie consistant à vanter la modernité du droit OHADA autant que sa capacité à intégrer des normes venant des systèmes différents. Ces qualités sont d’ailleurs les gages de la participation de l’Afrique au « rendez-vous du donner et du recevoir » de Senghor, imposé par la mondialisation à tous les peuples. Pour ne pas rater cette nouvelle occasion d’être la tête de proue de l’humanité, l’ERSUMA adresse à tous les africains et amis de l’Afrique un seul mot : Cherchons !

Dr. Félix ONANA ETOUNDI

Directeur Général de l’ERSUMA